Hors L’école ?

 

L’analyse institutionnelle comme politique de vie:

l’institution au  jour le jour. Je suis un irréductible.

PAIN Jacques.

in «Formations», revue de Paris 8,

2002

Je reste aujourd’hui encore atterré par la façon dont les chercheurs, les disciplinaires – quels qu’ils soient, aussi bien dans le domaine de la didactique que dans le domaine plus large des lettres ou des sciences humaines – restent enfermés dans les contenus qui sont les leurs. Sans doute les contiennent-ils. Il faut bien être contenu !!

Le vingt-et-unième siècle sera le siècle de la transversalité, des réseaux, des réseaux de pensée, réseaux mentaux, des phylum machiniques – comme le disait Félix Guattari – et nous restons, particulièrement en France, dominés par des clivages disciplinaires totalement révolus.

La sociologie par exemple continue de se comporter comme si elle était seule au monde, en ignorant tout de la psychosociologie, de la psychologie, de la psychanalyse. Inversement, l’attitude est, il est vrai, souvent la même. Quand on voit ce que quelqu’un comme François Dubet – très prometteur par “ la galère ” – a pu depuis nous laisser, répétant sa méconnaissance ou son refus de l’interactionnisme symbolique, de l’ethnométhodologie, de la psychosociologie, et en particulier de l’analyse institutionnelle, on se demande où se niche le savoir. On le sait depuis la trahison des clercs, la plupart des spécialistes – et c’est notre cas souvent – sont engoncés dans leurs vêtements de recherche et incapables de penser en travers. Là encore, il faut rendre hommage à Edgar Morin ou encore à Laborit, qui, à leur façon, ont montré que le cerveau pensait en boucles, en spirales, en diagonales. Et certainement pas comme l’indiquent des gens fort respectables, qui ignorent tout de l’inconscient, de ses déterminations, et de la complexité de la vie humaine, et qui en sont réduits à construire, comme le parti socialiste, un appareil de pensée dominante, sans tenir compte des métamorphoses de la vie quotidienne, qui n’ont pas prise sur la politique mais qui font le politique au jour le jour, et en fait fabriquent le monde de demain.