DÉSCOLARISER LE DÉCROCHAGE?

 

A la fin des années 80 et au début des années 90 nous fûmes confrontés à une nouvelle problématique « mondialisée », le « décrochage ».

En France – et en Belgique -  nous parlions déjà beaucoup des problèmes « d’absentéisme ». Et nos interventions sur le terrain tenaient cet « indicateur » pour central dans la question scolaire, et nous vîmes se lier durant ces années là absentéisme, risque social, puis violence « à l’école », « violences en milieu scolaire ».

J’ai écrit « mondialisée », à propos de cette problématique, car le terme même de décrochage nous venait du Canada. Et je me souviens avec amusement des discussions du début des années 90 sur ce terme nimbé d’accents anglo-saxons, débarqué dans la mouvance des violences « d’école » à dimension psychologique, pointées par le « bullying ».

Ce que je veux dire ici c’est que la décontextualisation du concept, à la fois politiquement correct, et ses surcharges sémantiques, entraînèrent plus de flou dans les seuils de décrochage, mais ouvrirent la vision étroitement quantitative du problème.

L’absentéisme en France appelle signalement à partir de la quatrième demi-journée d’absence, dit-on en France. Pourtant il y a bien deux poids deux mesures, et la politique d’un établissement en la matière dépend à la fois de l’inspection académique, du chef d’établissement, des Conseillers Principaux d’ Éducation, des relations avec les familles, et des relations avec les instances de contrôle social.

Nous avons pu alors voir des établissements prendre contact avec les familles dés la première demi-journée d’absence ; se rendre dans la famille dés la troisième ; mais bien d’autres sélectionner leurs interventions suivant la réceptivité sociale supposée de ces familles ; et ignorer les « grands » absentéistes, considérés comme de « grands disparus ».


Décrochage. De quoi parlons-nous ?


Au départ, pour les canadiens le décrochage est « l’arrêt d’un cursus avant le diplôme », pour les français il s’agît d’un « manque d’assiduité ». Si nous voulions nous rapprocher de l’approche canadienne, nous devrions ajouter à nos élèves mal assidus les 80 à 150 000 élèves – fourchette admise - qui quittent chaque année l’école en France sans diplôme.

Désormais il y a donc discussion sur les termes.

Jacques Pain

Synthèse de réflexion,

Colloque de l’AMSE, Association Mondiale des Sciences de l’Éducation,

Monterrey, Mexique, Juin 2010.

Déscolariser le décrochage?