réflexions sur la destructivité
“ Des hommes ordinaires.
Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne “
Pour pouvoir accomplir le nettoyage des Juifs en Pologne , des réservistes de la police allemande vont être appelés sur le terrain en 1942 . Il s’agit de « nettoyer tout un territoire de la présence des Juifs = les assassinats durent toute la journée , toute la population juive y passe avec les vieillards et les enfants .
Leur commandant leur offre de refuser l’entreprise , des témoignages le citent pleurant lors du premier massacre et disant = “ Ö Dieux , pourquoi suis-je obligé de faire celà?...”
Pour un seul “ sadique “ dont d’ailleurs le souvenir dégoûte ses collègues , les policiers allemands qui sont ouvriers , vendeurs , employés de bureau , sont surtout au début très choqués . Ils vomissent et tombent malades , car ils n’osent pas profiter de l’offre de leur commandant . Ils préfèrent se plaindre de mal au ventre , surtout quand le sang des victimes leur gicle dessus . Car le problème est là : ne pas croiser les regards , ne pas être aspergé de sang , rationaliser le geste , retourner face au sol les personnes à tuer, connaître le point précis pour ne pas gaspiller de balles.
La condition n’est pas ici la stimulation de la cruauté, l’exaltation politique - ces hommes ne sont pas des militants des partis fascistes - la haine véritable de l’ennemi , mais la rationalisation de l’action, sa récapitulation le soir en buvant sec, l’exigence de bien faire son boulot , l’habitude, la victoire de la raison sur le corps , et aussi l’honneur de faire ce qu’il faut , alors que des tire-au-flanc , des femmelettes se planquent sous prétexte de mal au dos .
Enfin le plus important pour arriver à tuer, violer, faire souffrir son prochain est l’effort d’explication à soi-même, celui de donner un sens à cette action , même provisoire, auquel on ne se permet de croire qu’à moitié.
« La propagande des intellectuels de l’Etat est alors déterminante, elle aide à ce travail d’explication à soi-même qui fait passer la journée, avec l’alcool et qui rend invisible le crime
Ils étaient pourtant des hommes ordinaires