L’adolescent

 

Jacques Pain

In Bulletin de psychologie, « Comportements délictueux »,
Hommage à Jacques Selosse, septembre 1997



    Les citations de Jacques Selosse sont empruntées à l’un ou à l’autre des articles que nous avons publiés dans le livre : Jacques Selosse, Adolescence, violences et déviances (1952-1995), sous la direction de Jacques Pain et de Loïck M. Villerbu, aux éditions Matrice, en janvier 1997. Plus particulièrement aux parties « Déviances et processus psychopathologiques », et « Psychopathologie du lien social ».


    Jacques Selosse est sans doute l’un des chercheurs contemporains, « du contemporain », les plus préoccupés par les jeunes et leur socialisation. Ne sont-ils pas après tout des analyseurs en acte des problématiques sociales ? Ainsi, les déviances, la délinquance, ne prennent-elles sens que dans le rapport à la norme et à la figure sociale de la loi ? Elles indiquent un état des lieux. La préoccupation de Jacques Selosse repose sur une épistémologie de la vie quotidienne. Le chercheur vise en effet une articulation « entre le psychosocial et le clinique », comme il nous le disait dans nos derniers entretiens, « en fait, ce qui donne sens à une existence individuelle. » Or, la société et les jeunes changent, pour Jacques Selosse. Et on voit bien s’amorcer dans sa pensée un mouvement critique, à partir de 1978-1980, qui progressivement dresse un portrait des jeunes déviants les plus radicaux, où l’analyse des faits se conjugue à une certaine inquiétude visionnaire. Le délinquant, « mort à la vie » (sociale), « mort vivant » processionnaire, « vampire », est-il le déviant violent de la société postmoderne ? À travers l’émergence de ces « nouveaux » jeunes, plus marqués par la honte que la culpabilité, narcissiquement traumatisés, dont tout un chacun est le créancier, nous nous intéresserons plus particulièrement à l’une des caractéristiques essentielles que leur attribue Jacques Selosse : la « désidentification ». Car le mouvement que poursuit l’auteur, s’il reste toujours référé par la pratique et le terrain, n’en ouvre pas moins une voie singulière à la conceptualisation des déviances. Que nous dit le concept de désidentification ? Il est en effet à penser dans la mouvance de « crise » actuelle des concepts, qui touche à la fois les pratiques et les sciences sociales.

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L’adolescent sans société.

Le bal du vampire et de la méduse.