Le panépistémon

 


    Un vent managérial souffle sur l‘école depuis plusieurs années, représenté par divers dispositifs pédagogiques, informatiques et rhétoriques. Ainsi, les livrets évaluant les compétences et le comportement des élèves, les fichiers à visée gestionnaire (Base-élève), ou les récents rapports de l’INSERM et du député Bénisti figurent autant de dispositifs gestionnaires accumulant de l’information, susceptibles de produire une nouvelle forme d’enfermement, un « panépistémon ».

    À la différence du dispositif panoptique théorisé par Bentham, évoqué par Michel Foucault dans Surveiller et punir, qui évoquait une architecture carcérale transparente aux regards des surveillants, le panépistémon vise bien plutôt à tout savoir des individus. La centration sur l’élève instaurée par la loi de 1989 ne peut faire oublier ce risque panépistémique et normatif. Des évaluations de plus en plus nombreuses, de la Maternelle à l’élémentaire sont effectuées dans une logique tout à fait inspirée des process managériaux. A priori pour le bien de l’élève et la réussite de son parcours scolaire, un  objectif de gestion et d’optimisation des parcours écoliers, économiquement horizonné, s’y profile.


Philippe Bernier                                                    

Chercheur en Sciences de l’Éducation


In  Pratiques, Les cahiers de la médecine topique, n° 48 , 2010


Actualité du panopticon: le panépistémon

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