Chaque année davantage, nous constatons avec inquiétude à quel point la France s’est nombrilisée sur ses réussites, et n’a jamais vraiment voulu réaliser ses problèmes, ses limites et ses échecs scolaires. Nous l’avions déjà constaté il y a plus de dix ans, dans notre recherche comparative sur les violences scolaires en Allemagne, Angleterre, France . Nous n’étions pas loin des évaluations du programme PISA .Il y a un véritable malaise dans nos écoles, qui tient à la fois à la dictature des disciplines sélectives, à la confusion des didactiques disciplinaires et des pédagogies de la réussite, au harcèlement scolaire de l’élève.     C’est ça ou rien ! Et l’on s’étonne de ces implosions scolaires et sociales qui font la une depuis déjà dix ans ! En réalité, l’écrasement symbolique dont pâtit une population socialement ou culturellement marquée produit des effets complexes.

    C’est ainsi qu’il y a là un processus qui, entre la « désidentification » et l’identification négative, ouvre les voies de la marginalité mais aussi de la résilience. C’est, in fine, ce deuxième choix, le meilleur scénario de nos sociétés modernes, libérales, et en elles-mêmes proprement néoténiques, c’est-à-dire fragiles et précaires autant que leurs concepteurs sont violents.

    La résilience nous semble tenir d’une combinatoire psychosociale et intersubjective qui de plus en plus retient l’attention et la recherche, comme les travaux de Boris Cyrulnik et d’autres en attestent .

    N’oublions jamais ce que la néoténie peut susciter d’attachement, puis dans le meilleur des cas d’estime de soi, puis de coping, c’est à dire de conduites de contrôle, et de flexibilité des réponses vitales, bref en définitive de résilience.

Nous tiendrons pour résilience la capacité d’une conduite vitale sans préjudice de sécurité.

Résilience et résistance.

Une pédagogie de l’estime de soi.