Critique du libéralisme

 
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    Ce rétrécissement de la capacité de penser n’est pas étranger à la « réduction spectaculaire de la vie intérieure » caractérisant ce que J. Kristeva nomme « les nouvelles maladies de l’âme ».  Elles caractérisent ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler « états limites », fréquents à l’adolescence (toxicomanie, alcoolisme, troubles des conduites alimentaires, passages à l’acte…), marqués par la difficulté de « re-présentation », de symbolisation et fortement corrélés avec le malaise social ambiant.

    « On n’a jamais aussi peu pensé quoi que ce soit »(Melman, 2002, p.35) : le primat de l’économique sur le politique et l’éthique n’est pas seulement économie de moyens, mais surtout économie de pensée.

L’affligeante justification, par un Ministre de l’Education à l’Assemblée Nationale, de la substitution aux aides spécialisées des RASED de deux heures supplémentaires de rattrapage et de « répétition » des leçons non comprises, dans la journée, par exemple sur l’imparfait de l’indicatif…pour lutter plus efficacement contre l’échec scolaire n’en est qu’une triste caricature !

    C’est donc face à cette « logique du dispositif et du besoin » qu’il s’agit aujourd’hui de restaurer une « logique du sujet et du désir », en même temps qu’une « faculté de juger » : « face au danger de ne pas penser, seule la restauration de la faculté de juger peut enrayer le glissement vers le totalitarisme pragmatique » (Lebrun, 2009, p.237)

Substituer à une entreprise de conformisation d’individus « adaptés » une volonté de favoriser, pour tous les élèves,  la possibilité de « s’adapter » activement, de s’intégrer.

L’adaptation scolaire est alors un travail du sens, une « logique du sens », que nous proposons de référer aux « trois S » : le Sujet du Savoir serait un Sujet (singulier) dont le désir de Savoir (universel) passe par le détour du Sens (particulier).

Cette articulation dialectique, nouvelle figure possible de la médiation, au cœur des valeurs éducatives,  conduit à concevoir l’éducation comme capacité de changement, de transformation, d’évolution, de création.

    Elle veut aussi signifier que l’enjeu culturel et politique actuel consiste à éviter, s’il est encore temps, la dérive qu’annonçait déjà C. Levi-Strauss en 1955 :

«  l’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave.  Son ordinaire ne comportera plus que ce plat. » (Levi-Strauss, 1955, p.39)


(Conclusion)

         Dominique Lucas de Peslouan

         Professeur à l’IUFM Célestin Freinet  de Nice            

Une critique éducative du libéralisme