L’individu sans collectif

 

L’individu sans collectif, un mal d’institution.


Jacques Pain,

in Revue des sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle,
« Le sujet en questions », vol. 33, n° 1, Caen, CERSE, 1999.



Écrit en 1998


“ Nous sommes les enfants d’un monde dévasté, qui s’essaient à renaître dans un mode à créer. Apprendre à devenir humain est la seule radicalité. ”

Raoul Vaneigheim, 1996.

(Nous qui désirons sans fin, Paris, Le Cherche Midi, p. 147.)


“ [...] Le mode de production et d’échange économique qui domine à une époque, et d’organisation sociale qui en dérive nécessairement, constituent la base sur laquelle s’édifie l’histoire politique et intellectuelle de l’époque ; seule, elle permet d’expliquer cette histoire [...] ”

Friedrich Engels, 1888.

(Préface à l’édition anglaise du Manifeste communiste.)




Des travailleurs sociaux, ici ou là, mais surtout leurs responsables, s’interrogent sur la (trop) grande individualisation du travail social, de l’action sociale. Les assistantes sociales, les éducateurs, s’enferment dans le colloque singulier, fuient l’hébergement, le groupe, et cultivent le milieu “ ouvert ” ou renâclent à l’animation, au profit de la relation duelle. C’est ce qui se murmure de plus en plus. Nous avons eu cette année plusieurs fois à y revenir, à la demande des “ institutions ”.

Les enseignants (plutôt du second degré), de l’avis ici aussi des responsables, se cristallisent en bonne part dans la défense catégorielle, dans une vision protégée, quasi libérale, du métier. Ils campent sur une didactique frontale où cette fois-ci l’élève est l’absolu du sujet et de l’impersonnel, la quintessence d’un groupe dont on n’a jamais su que faire, où le savoir isole et cuirasse l’enseignant. Dès lors, la pédagogie ne commence qu’avec les élèves en difficulté. Mais alors, enseigne-t-on encore, se demandent certains de ces professeurs ?

Cette fermeture idéologique, quoique contrastée, sur l’exercice solitaire des métiers de société, nous semble caractéristique d’une conjoncture de crise. La mondialisation est à ce prix. Elle tient ses promesses, en effet, libérant des violences analogues à celles analysées par Marx et Engels dès le Manifeste communiste de 1848 ; avant tout portée par la destruction des sociétés, des liens, des réseaux, signifiés “ traditionnels ”, sur l’autel de l’économie, du tout économique.

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