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«....... L’enjeu de l’institution dans le champ macro-social, comme dans le champ micro-social, est d’assurer les séparations, la non-confusion des places et des différences, l’obligation à l’échange. Enjeu symbolique où se jouent les chances d’un devenir singulier et celles d’un vivre-ensemble. « Si les institutions ont une fonction décisive dans l’assignation de chaque sujet sous un statut de Raison, de non-folie, souligne Pierre Legendre, cela passe par la reconnaissance successive des places, sans confusion. Le cycle de la vie fait passer l’être humain d’un point généalogique à l’autre, de la place de fils à celle de père, de fille à celle de mère, successivement donc, sans télescopage de places c’est-à-dire sans délirer ». De son côté Louis Roussel précise : « L’institution oblige les individus à reconnaître entre eux des frontières et des différences. Non pas qu’ils doivent à cause de cela être séparés, mais plutôt parce que leur distinction seule permet une solidarité permanente. L’institution sépare pour rendre possible des liens fondés sur une nécessaire complémentarité ».

C’est à cette fonction symbolique de délier/allier que les institutions, emportées par des enjeux imaginaires sont toujours en passe de se dérober. Alors « dans l’institution, par la nécessité du lien, on secrète un imaginaire qui rend floues toutes les différences, toutes les frontières, toutes les contradictions. Cette brume empêche de discerner les limites entre la mer, la terre et le ciel. » – ces limites qu’articulent les premiers versets de la Genèse et les premiers vers des Métamorphoses d’Ovide. L’institution en vient à se réduire aux seules fonctions de mise-en-forme et en ordre, de rangement, de contrôle où s’opère l’écrasement des différences – du singulier, du désir......»

Institutions , F.Imbert, Extrait du Vocabulaire, p.109