Décrocheurs, décrochés

 
 

N°496 - Décrocheurs, décrochés

(Coordonné par Sandrine Benasé-Rebeyrol et Julien Servois) - mars 2012


Qu’est-ce qui se joue et se noue pour l’enfant, qui peut aboutir à un refus de l’école et de ses apprentissages ?
Comment repérer les premiers signes de la désaffection scolaire ?
Que peut la pédagogie pour l’éviter ?
Quelles actions, quelles initiatives, quels bricolages à l’échelle des établissements et des équipes pour anticiper et gérer les processus de décrochage ?

Illustration de couverture : Anne Le Dantec
Illustrations intérieures : Jean-Luc Boiré

Les Cahiers Pédagogiques

N°496 - Décrocheurs, décrochés

Pour que l’exclusion ne soit que temporaire

Marc Imbert

Description et mise en œuvre d’un programme d’inspiration québécoise pour l’accueil d’élèves exclus de leur collège. Comment transformer la sanction en une occasion de reprendre son parcours scolaire par le bon bout ?


Le terme de « persévérance » scolaire est emprunté aux Québécois. Le programme « Alternative suspension » a été élaboré et est mis en œuvre depuis plus de dix ans par l’organisme communautaire YMCA du Québec. Son expérimentation à Courcouronnes est une première en France.

Aide aux devoirs et dynamique de groupe

Dans un espace municipal indépendant de l’Éducation nationale, les élèves exclus de leur établissement sont accueillis de trois à cinq jours dans un groupe ne dépassant pas six élèves. Ils sont accompagnés par un éducateur spécialisé expérimenté et formé aux techniques canadiennes, notamment lors d’un stage en immersion à Montréal.

La structure est réactive : un élève peut être reçu dans les vingt-quatre heures suivant la décision du collège. Les matinées, les élèves sont aidés pour faire les devoirs indiqués par leurs enseignants. Les après-midis, les adolescents échangent sur leurs problèmes dans le cadre d’ateliers et de groupes de parole. On y aborde l’estime de soi, le rapport à la loi, les valeurs, on y travaille des compétences sociales.

Il s’agit de favoriser un échange entre les élèves, puis avec l’intervenant. Ce dernier tente de les conduire à un travail introspectif pour qu’ils puissent identifier ce qui fait difficulté, mais aussi et surtout les capacités qui peuvent les aider à mieux poursuivre leur scolarité, dans un nouvel état d’esprit.
Les dynamiques de groupe sont particulièrement observées notamment grâce au retour sur l’échange, « feedback », que fait l’intervenant à l’issue des temps de parole. Ces derniers permettent, dans un « ici et maintenant » d’analyser ce qui s’est joué dans le groupe. Quelle a été la communication ? Y a-t-il eu cohésion ou au contraire désunion, voire même exclusion d’un membre ? Pourquoi ? Les jeunes sont-ils parvenus à trouver des compromis, à se respecter ?

Le projet vise à réduire le nombre d’élèves qui se font exclure, de façon occasionnelle ou répétitive, du collège. Il donne l’opportunité de transformer le temps de l’exclusion en une expérience positive qui favorise le développement personnel et l’autonomie, par la valorisation, par l’acquisition d’aptitudes sociales et par la promotion du respect de soi-même et des autres grâce à des ateliers collectifs et des interventions individuelles.
Les parents sont associés au dispositif et sont des partenaires incontournables. Ainsi, ils sont contactés régulièrement lors du séjour de leur enfant.

Une rencontre pour le « retour »

À l’issue de leur participation au programme, les jeunes réintègrent leur collège lors d’une rencontre « de retour », en présence de sa famille, de l’équipe de direction du collège ainsi que de l’intervenant. Un bilan du séjour dans le dispositif reprend les engagements éventuels pris par l’élève et la nature de l’aide qu’il souhaite solliciter auprès de son établissement. La parole est également donnée à la famille afin qu’elle puisse s’exprimer…

Un compte rendu de séjour est rédigé par l’intervenant et remis à l’équipe pédagogique. Il fait état des observations qui pourraient être utiles de porter à la connaissance de l’équipe pédagogique.

Un mois après l’accueil de l’élève, un rendez-vous de « suivi » est organisé pour soutenir l’élève dans ses efforts, si petits soient-ils.

Si la relation éducative est au cœur de ce dispositif, le travail en groupes restreints permet d’en tirer une expérience formative pour l’élève. D’inspiration comportementaliste, ce programme s’articule sur la théorie du renforcement positif et l’approche « non jugeante ».

Des résultats encourageants

Les sept heures quotidiennes passées avec ces adolescents sont conduites avec l’idée de les valoriser au maximum tout en proposant un cadre structuré qui se veut rassurant. Avec certains d’entre eux, les échanges vont assez loin.


                                                        

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