La violence verbale (1)

 

Les micros-cours conceptuels:

La violence verbale (1)

Le 10 lignes

L’injure, c’est le langage de la dépréciation, langage tout entier binaire qui n’est qu’une opposition généralisée entre le grossier, le malpoli, l’impoli, le mal dégrossi, et le poli, le raffiné, le fin. L’étymologie là encore parle. Si nous prenons « insulter », il s’agit déjà de « faire assaut », de « sauter sur », à partir du latin saltare. Le mot insulte connote l’attaque . L’injure est aussi vieille que l’humanité : « Qui es-tu, montre-le moi et prouve-le ». D’un côté on a un agent actif et, de l’autre, un patient passif. L’injure est un rapport de force à dimension sexuelle, d’une dégradation de l’humanité. Les mots parlent: « Vas te faire foutre ! ». Le foutre c’est le sperme, la métaphore de l’activité, et l’auteur-acteur qui compte. Le « con », on sait qu’il s’agit de l’organe féminin. Le con c’est bien sûr dans cette logique binaire narcissique et machiste la défausse. « T’ es un con ! », c’est-à-dire « T’ es nul ! » Jusqu’à : « Merde ! ». Merde c’est quelque chose qui est sans valeur, le déchet : « C’est un merdeux, un emmerdeur ». On peut aller jusqu’à l’ordure, qui est à la fois sans valeur mais insupportable, jusqu’à la puanteur : « Salaud ! Pourri ! ». La violence verbale plus largement c’est le théâtre et la téléréalité de la violence..


Une prothèse identitaire ?


Distinguons 
ici l’injure non spécifique de l’injure spécifique.

L’injure non spécifique* tient de l’épreuve de force, du défi. Ce sont les gros mots, qui sont en fait des substituts infantiles d’objets partiels, c’est-à-dire d’appartenance, d’images et de figures fétichisées. Les gros mots, l’injure ici, remplacent les coups. L’injure non spécifique fonctionne presque comme le juron. C’est un soliloque à deux ou à plusieurs.
Avec l’injure spécifique*, on touche à autre chose. Il y a déjà là une recherche qui livre un caractère de la personne, et nous sommes un peu plus qu’avant dans la reconnaissance, la ressemblance ou la dissemblance. L’injure spécifique vise un trait, une dimension de la personne.

*Ces termes sont de Evelyne Larguêchehttp://int.search.myway.com/search/GGmain.jhtml?searchfor=evelyne+largueche+&ts=1438876493433&p2=%5EHJ%5Echr999%5ETTAB02%5E&n=781b42df&ss=sub&st=tab&ptb=4C28C616-E8CF-4BEB-8AC9-FD1E3536CE10&si=null&tpr=ss-hsshapeimage_3_link_0
 

L’acte sexuel
comme symbole
de toute activité transitive


Foutre
actif




Con
passif



L’injure
non acte

Puanteur


sans valeur
et insupportable

  Merde


sans valeur
déchet

Lire:

La violence verbale
Jacques Pain,
Extrait du livre «L’école et ses violences» 2006, Economica

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