LES STAGES JUD-BOX

Métaboliser, et éduquer (à), la violence

Stages

conçus et réalisés par:
JP Bijock
A Roland
Y Bialy
C Tetu Wolff
C Herloz
(1986/1991)

 

 

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Jud box

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jud box :
Boxe française et judo
(rééducatifs)

«…C’est toujours à Lille que deux éducateurs de la PJJ ont monté le groupe Jud-Box. Pratiquants de boxe française et de judo, Arnaud Roland et Jean-Pierre Bijok se sont inspirés de leurs disciplines, de leur préoccupation professionnelle, du CAS et de nos Stages Violence. Ils ont avec quelques autres éducateurs proposé une douzaine de stage, entre 1986 et 1991, qui évoluaient vers une bonne forme d’une semaine intensive, avec un public (sélectionné sur entretien) des structures PJJ de la région. L’intégration d’une jeune psychologue qui en fit son DESS, n’y fut pas pour rien. « La violence à bras-le-corps », la « prise en charge des adolescents considérés comme violents », les « inclassables », les « têtes brûlées ». Jud-Box avait ciblé son travail sur l’identité, en activant le corps, l’angoisse, et la parole, en tension formative. Et ces stages en internat soignaient également la vie en commun, et l’institution. Un atelier violence longuement réfléchi et analysé y permettait un « rejeu » des conflits et des passages à l’acte, proche du psychodrame, entre des séquences de combat, de confrontation, d’études et d’expression. J’ai pu participer au dernier stage du groupe, à Bruay-la-Buissière, en décembre 1990 (dix-neuf jeunes, quatre responsables, un vidéaste). Ce fut un tournant pour moi, un moment où je me suis réinterrogé sur une conception externe ou interne des Stages Violence. La non-violence par la violence ? Ou plutôt : Faire de la violence non violente ? Telle est ma question. En effet ce stage réussit à stabiliser le groupe (mixte) et ses relations, au prix bien sûr d’une pédagogie de la journée et de la nuit continues, précisons-le. Et à « apprivoiser » les jeunes, dans des espaces d’expression corporelle (à verbalisation), de karaté de l’énergie et de la forme, sans combat. À un point tel que l’atelier BF, animé par un champion maghrébin, haut lieu les deux premiers jours du contact et des coups, se vit quasi déserté au profit d’un choix corporel ou formel. Une relation dans la sécurité prenait corps. L’un des jeunes dit à la fin : « Quand on est avec des gens bien, on devient bien. » Ce n’est pas si simple. Mais je fus interpellé par cette mutation d’attitude. Peut-être bien qu’après tout la violence n’est qu’une posture caractérielle, en fait une souffrance enkystée, entretenue par la vie, la famille, l’école, les pairs, et qu’elle ne résiste pas à une attention soutenue, à un partage insistant et circonstancié ? Du moins jusqu’à un certain point, jusqu’à un certain âge, et en dehors de toute addition profonde.

Jud-Box proposa au plus haut niveau un stage d’intervention systématique, en direction d’un public de placement difficile ou violent, en forme de suivi sur un an (six jeunes, sur trente-deux jours, en huit fois quatre jours, alternant deux à trois semaines sur le terrain éducatif). R. Hellbrunn, F. Courtine, Claude Lagrange et moi-même soutinrent le projet. Il n’aboutit pas.

Dans le cas du CAS, comme dans celui de Jud-Box, je fus toujours étonné des crispations, des malaises, quelquefois de l’effroi, que ces démarches pouvaient provoquer chez nombre d’éducateurs, d’enseignants, de responsables institutionnels. J’ai toujours pensé qu’une grande partie des services spécialisés se déspécialisaient à qui mieux mieux, et je le vérifiai là. On ne parle des inclassables que par exclusion là encore, puisque ces inclassables, et ces grands violents, personne n’en veut ou presque, les institutions les fuient, comme le confirme le rapport sur l’insertion des adolescents en difficulté (Documentation française, 1994)…»

Extrait de l’article:
«Grande violence et intervention-limite»
de Jacques Pain